Bataille entre le Conseil de Surveillance du CHRU de NANCY et une instance gouvernementale qui décrit l'hôpital en quasi faillite et en cessation de paiement.
Si on en est arrivé à cette situation, c’est qu’un contrat de crédit à court terme a été refusé par l’État , a révélé Laurent Hénart, maire de Nancy et président du conseil de surveillance du CHRU, hier, à la sortie du conseil.
C’est la première fois qu’un CHRU serait un état de cessation de paiement. Et pas n’importe lequel ! Le 10e établissement de France, avec 12 000 salariés non soignants pour 8 000 temps pleins, et 2 000 médecins. Mais aussi avec 290 M€ de déficit cumulé, un beau trou dans la trésorerie. Sans oublier 400 M€ de dettes dont les intérêts courent…
Une réussite, selon un second rapport
Un autre rapport dresse pourtant un portrait totalement différent du CHRU de Nancy. Celui du cabinet d’études CMI, commandé par le CHRU et l’Agence régionale de santé Grand Est, l’ARS. Ce rapport n’envisage pas la situation de manière purement comptable comme le fait le Copermo. Mais place les choses dans leur contexte. Résultat : « Une réussite », selon le cabinet.
Depuis trois ans, le centre hospitalier a en effet effectué de gros efforts. Entre 2014 et 2017, quarante restructurations ont été menées. Ce qui a permis de supprimer 400 postes de travail et de fermer 284 lits. Avec 42 M€ d’économies réalisées.
La direction s’est également retroussé les manches pour abaisser le déficit à « seulement » 18 millions d’euros, contre 40 millions en 2014. Insuffisant pour l’ARS Grand Est, dont le directeur, Christophe Lannelongue, aurait assuré, hier matin, que « le dossier du CHRU est non présentable et non finançable ». Car le centre hospitalier régional demande des crédits à l’État pour poursuivre son plan de refondation, qui est conditionné à la mise en place d’un plan immobilier. Un total de 380 M€ est nécessaire.
Un projet immobilier de 380 M€ pour économiser
L’objectif est de réaliser des économies d’échelle en faisant remonter tous les hôpitaux du bassin de Nancy à Brabois, maternité régionale comprise. La restructuration et la mise aux normes de la barre historique de Brabois, qui date des années 70, fait également partie du plan, avec création d’un plateau technique. « Les demandes de l’ARS sont contradictoires et incompréhensibles ! C’est le serpent qui se mord la queue », proteste Mathieu Klein, membre du conseil de surveillance, fustigeant des technocrates qui demandent au CHRU de faire davantage d’économies dans la conduite de sa restructuration, tout en lui demandant de réaliser cette restructuration pour faire des économies…
Les membres du conseil de surveillance ont décidé de se serrer les coudes et d’en appeler au gouvernement.
Philippe MERCIER Républicain Lorrain